Rachelle Allison photographiée par Pierre de Champs avec ses cheveux crépus

Portrait de Rachelle Allison, artiste Caribéenne

Croyez le ou non, j’ai réellement fait une petite danse de la joie lorsque j’ai su que j’allais interviewer Rachelle Allison.  J’aime son travail depuis un moment maintenant donc je suis ravie de vous la faire (re)découvrir. Au delà de son travail d’artiste caribéenne, j’ai suivi avec intrigue son évolution capillaire. Je l’ai vu passé des longues locs à une coupe courte et à partir de ce moment, j’ai voulu en discuter avec elle. Voila, c’est chose faite. C’est la première interview de l’année 2018, bonne lecture !

  1. Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Rachelle et je suis une artiste caribéenne. Je définis ma musique comme étant caribéenne car j’ai grandi sur une île de la Caraïbe, la Guadeloupe. J’ai eu la chance d’avoir accès et d’être influencée par différents styles de musique venant du continent américain mais aussi des îles anglaises, françaises et hispaniques.

« J’ai eu la chance d’être influencée par différents styles de musique venant du continent américain mais aussi des îles anglaises, françaises et hispaniques. »

Je fais de la musique depuis un moment mais c’est en 2012 que je me suis réellement lancée accompagnée par des amis d’enfances, Mike et Arno. Nous constituons une équipe et chacun à un rôle bien défini. Pour faire simple, Mike et moi produisons la musique tandis qu’Arno s’occupe de l’image véhiculée. En 2016, nous avons rencontré Riko Debs qui a compris notre ambition musicale. Nous avons donc décidé ensemble de faire un 1er album, produit par le label « Henri Debs et Fils ».

Nous prenons notre temps car la pression est plus forte lorsqu’il s’agit d’un album. Je me suis fait connaître en diffusant des mixtapes sur internet et jusqu’à présent, nous nous sommes amusés en nous focalisant davantage sur ce qui nous plaisait. Désormais, l’enjeu est différent car nous devons anticiper les goûts du public.

« Nous prenons notre temps car la pression est plus forte lorsqu’il s’agit d’un album. »

  1. Peux-tu décrire tes cheveux/ Est-ce que tu les connais bien ?

J’ai fait mon premier défrisage au collège mais je faisais n’importe quoi. Si bien que mes cheveux étaient complètement cassés devant. A mon arrivée au lycée, j’ai tout coupé pour les garder naturels. Ils ont très vite repoussé car je les entretenais sans problème.

Tous les soirs, je faisais 4 nattes et à l’époque, j’utilisais très probablement des produits Activilong. Par contre, je ne profitais pas vraiment de leur texture naturelle. Par exemple, je n’avais pas conscience que je pouvais boucler mes cheveux. Je n’ai pas la même texture sur l’ensemble de mon crâne mais je peux dire que j’ai les cheveux plus crépus que bouclés avec de petites voir moyennes boucles.

“Je n’avais pas conscience que je pouvais boucler mes cheveux .”

  1. Qu’est-ce qui t’a motivé à faire des locks par la suite ?

Le côté retour au racine et le fait que le cheveu pousse à l’infini (comme il ne tombe pas) m’a attiré dans les locs. J’aimais la force et la revendication qu’il y a autour de cette coiffure. Je ne cache pas non plus que je recherchais aussi la longueur et le volume aussi.

  1. Tu avais une bonne longueur, pourquoi les avoir coupé ?

J’avais effectivement une bonne longueur sur mes locs. Mais lors des performances, je réalisais tout le temps des coiffures. J’ai commencé à perdre mes cheveux du fait de trop nombreuses tractions et manipulations.

“J’ai commencé à perdre mes cheveux du fait de trop nombreuses tractions et manipulations.”

Je me suis rendue au Centre Clauderer spécialiste du diagnostic et de la perte de cheveu. J’avais carrément des fourches au niveau du bulbe et si je voulais conserver mes cheveux à certains endroits, il fallait que je les coupe. Je n’ai pas hésité et j’ai tout coupé.

“J’avais des fourches au niveau du bulbe et si je voulais conserver mes cheveux à certains endroits, il fallait que je les coupe.”

  1. Est-ce qu’il y a un produit/matière brute dont tu ne peux te passer ?

Après avoir coupé mes locs, j’ai découvert de nouveau mes cheveux. Ils sont beaucoup plus fragiles qu’avant mais j’en prends soin. Je connais des astuces de grand-mères à base d’aloe vera ou de feuilles d’hibiscus qui font des miracles sur mes cheveux :

“Par exemple, prenez des feuilles d’hibiscus, ajoutez y de l’eau, malaxez les. Au bout d’un moment, on obtient de la glue. Celle-ci est parfaite pour la définition des boucles.”

En matière de produit, je ne peux pas recommander un produit les yeux fermés. Peut être l’après shampoing Klorane au Quinine ou la crème soufflée Activilong qui fonctionnent bien sur mon cheveu.Pour la plupart des produits, si au départ, mes cheveux répondent bien au produit, j’ai l’impression qu’après deux ou trois utilisations, ils arrêtent et je dois de nouveau chercher.

  1. Est-ce que tu as une anecdote par rapport à tes cheveux ?

Ma première tentative pour faire mes locs était un échec. Je les ai tourné toute seule lorsque j’habitais en Métropole. Elles avaient bien pris, j’avais une bonne longueur et ça faisait déjà un an. J’étais très contente car j’étais persuadée que c’était bon. Je suis venue en Guadeloupe pour des vacances et là, ça a été la catastrophe. Avec l’humidité, mes locs sont passées d’une longueur au dos à mes épaules et il y avait des bosses de partout. J’ai dû tout coupé.

J’ai recommencé mais cette fois-ci, je suis passée par un salon en Guadeloupe. Cette fois-ci, que je sois en Guadeloupe ou en Métropole, rien n’a changé.

  1. Quel est ton rapport à tes cheveux ?

J’en prends soin mais je ne me prends pas la tête. Si le beurre de karité ou de temps un temps de l’huile de carapate fonctionne bien avec mes cheveux, j’avoue ne pas être assez rigoureuse. Je pourrais trouver une routine adaptée à faire toutes les semaines mais je reconnais ne le faire. Je fais le minimum sauf quelques fois, lorsqu’on me recommande des produits, je les teste.

  1. Il y a 3 ans, tu as sorti la chanson « écho »  ou certaines youtubeuses étaient présentes. Il y avait notamment Olivia Rose, Djilicious et ThePrettyUsMU, entre autre. Quel était le message que tu voulais faire passer et comment a-t-il été accueilli ? 

A l’époque, la mode du retour au naturel était encore fraîche et timide. Le message a été souvent mal interprété. On l’a compris comme étant moralisateur « ne faites pas ci, ne faites pas ça » or ce n’était pas le but.

« Le message était de dire aux femmes de s’accepter telles qu’elles sont et de ne laisser personne leur faire croire qu’elles sont moins belles ou différentes sous prétexte qu’elles ne répondent pas aux critères de beauté « occidentaux » que la société nous impose. »

Tout le monde aime se maquiller, se pouponner, rajouter des extensions, porter des perruques, cacher quelques défauts avec du fond de teint et encore heureux qu’on puisse le faire. Cependant, il ne faut pas se persuader que sans ces artifices, nous ne sommes pas beau ou qu’ils sont indispensables pour être accepté. Il est important d’être en accord avec soi-même avant de penser au jugement des autres. Cela est d’autant plus vrai pour les femmes noires qui subissent encore plus de complexes, souvent ancrés dans les gènes. Je parle de l’éclaircissement et du défrisage par exemple.

« Cela est d’autant plus vrai pour les femmes noires qui subissent encore plus de complexes, souvent ancrés dans les gènes »

En 2018, il faut encore se battre contre la discrimination à l’emploi ou sur le lieu de travail, lorsque le patron suggère de venir coiffé de manière plus « classique ». L’afro est toujours considéré comme extravagant alors que nous avons simplement les cheveux lâchés comme n’importe quel autre collègue caucasien.

« Si tu t’acceptes tel que tu es, que tu brilles par ta fierté et par ton affirmation, que tu te montres offensé lorsqu’on ose essayer de te faire douter ou te diminuer, alors ce sont les offenseurs qui se sentiront gênés, pas toi. »

J’ajouterais une dernière chose. Certains diront qu’il est facile de parler ainsi lorsqu’on est physiquement au goût d’une certaine majorité, sachez que je suis passée par les moqueries et le harcèlement durant une partie de ma scolarité. Je ne faisais pas partie des standards de beauté lorsque j’étais étudiante dans le sud de la France. Finalement, même sans ces expériences, il est quand même évident que ce qu’on voit à la TV ne reflète pas la réalité. Chacun pour soi Dieu pour tous. Si tu ne t’aimes pas et ne te respectes pas, n’attend pas des autres qu’ils le fassent pour toi.

 Merci encore Rachelle Allison,

 


 

Si vous voulez en savoir plus sur Rachelle Allison, rendez -vous sur sa chaîne Youtube bien sur, son Facebook et puis son Instagram tant qu’à faire !

Et parce que la photo est quand même très jolie : c’est Pierre de Champs qui en est le photographe !

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut